“Ce vin bio d’Aveyron,
ce vin qui roule les R.”

 

De Jean-Luc Matha, on ne voit d’abord que ses mains. Des mains qui tiennent sans risque un magnum, comme si c’était un pays tout entier. Il ponctue avec elles des mots pleins de l’accent de sa terre : argilo-calcaire, lourde, celle du Rougier.

Une histoire de quelque 250 millions d’années, de roches tendres, d’érosion, de creux... Dans celui de sa main, une terre rouge profond qui porte un cépage unique : le fer servadou. Dans le Vallon, celui de Marcillac en Aveyron, on dit plutôt mansois.

Viticulteurs en pleine récolte dans les vignes du Domaine Matha noir et blanc
Enfant sur les épaules de son père en pleine récolte dans les vignes du Domaine Matha noir et blanc

L’héritage

Jean-Luc Matha est de ceux grâce à qui le vignoble a obtenu le sésame pour la reconnaissance, l’AOC (appellation d’origine contrôlée). Il n’en tire aucune gloire. Il préfère raconter qu’il fut le promu à rester sur ces vignes, en un temps où ceux de son âge faisaient le choix de les quitter.
Son parcours - encouragé, épaulé, soutenu par la constance,  la détermination et la solidité de son épouse, Françoise – fut largement porté par ceux qu’il rassemble dans un mot : les anciens.

Parmi eux, son père et son conseil – «Tu as un beau métier à faire ici» – mais aussi tous les autres, qui ont déposé en lui le don d’observation – «S’arrêter, comprendre, vivre le moment présent». Ils lui ont confié la mission de dire ce vignoble différent, à lui de qui le verbe coule si aisément.
Quand il parle d’eux, dont il est en quelque sorte l’envoyé, des frissons lui courent dans le dos : «Le vin, il vient aussi de cette histoire».